Ce sont les Burgondes, peuple germanique établi au Véme siècle sur le Rhin qui conquirent le bassin du Rhône et, soumis par les Francs en 532, qui créèrent les vergers ( le pomarium ). Après la chute de l’Empire Romain (486), de nombreuses connaissances sur les pommes furent perdues ainsi que de nombreuses variétés que l’on cultivait. Au Moyen-Age, grâce au peu de savoir préservé des Romains, les moines cultivaient des arbres fruitiers dans leurs monastères, ainsi que les personnalités influentes dans leurs propres jardins bien protégés. |
Ainsi certaines variétés se sont maintenues, d’autres ont été créées petit à petit.
Charlemagne (768/814) en temps que « fermier » fort avisé qui tenait à la bonne exploitation de ses terres, ordonna qu’il y ait dans chaque métairie, des pommiers de différentes espèces pour que l’on fabrique du cidre. |
Extrait de disposition d’un capitulaire de Charlemagne au sujet des Domaines « Nous voulons que nos domaines, que nous avons destinés à notre service, servent en entier à notre profit, et non à d’autres personnes. Que chaque intendant ait dans son district de bons ouvriers, à savoir des ouvriers pour le fer, l’or et l’argent, des cordonniers, des tourneurs, des charpentiers, des fabricants d’écus, des pêcheurs, des oiseleurs, des fabricants de savons, des hommes qui savent faire la bière, le cidre, le poiré et toutes sortes de boissons, des boulangers qui fassent de la pâtisserie pour notre table, des ouvriers qui sachent bien faire des rets tant pour la chasse que pour la pêche, etc..... »
Au XIéme siècle, le cidre coulait dans les bolées normandes. La bolée était une sorte de gobelet à anse, en poterie grésée, brun foncé ou mordoré, cuite jusqu’à vitrification.
Au Moyen-Age, les pommes, bon marché, étaient très appréciées : on en faisait des soupes et elles servaient de support aux pommades, d’ou l’expression se pommader.
Au XVIIéme siècle, d’après Roger Dion, le pommier et le cidre achevèrent la conquête des bocages de l’ouest. |
Au XIVéme siècle, une deuxième pomme devient célèbre, celle de Guillaume Tell. Il refusa de saluer le chapeau ducal placé au haut d’une perche sur la place publique d’Altdorf en Suisse par le bailli d’Albert premier, empereur germanique. Le gouverneur le fit arrêter et le condamna à traverser d’une flèche une pomme placée sur la tête de son jeune fils. Epreuve terrible dont Guillaume Tell sortit vainqueur.
Olivier de Serres (1539/1619), gentilhomme du Vivarais, agronome, fait paraître en 1600, le premier traité de cultures des potagers et des vergers, Le Théâtre d’Agriculture et Mesnage des Champs, où il parle du pommier, des noms de pommes, donne des conseils de cueillette, de conservation. En 1628, le Lectrier décrivait 78 variétés. |
C’est sous Richelieu (1624/1642), ministre de Louis XIII, que commença la pratique du greffage sur petite forme, Paradis et Doucin en 1640. Ce greffage s’effectua grâce au curé Le Gendre.
Louis XIV (1638/1715) chargea l’agronome Jean de la Quintinie d’établir les plans de son potager à Versailles, jardin quasi scientifique et très esthétique, les pommiers étaient conduits en cordons, espaliers ou en quenouilles. |
Cordon |
Horizontal simple |
La troisième pomme célèbre est celle de Newton (1642/1727). Celle ci en tombant lui inspira l’idée de la gravitation universelle. |
Nous ne pouvons omettre de citer dans l’histoire de la pomme quelques variétés célèbres de notre région. La Vernajou, canton de Saint Germain les Belles et de Pierre Buffiére, la Chaux, originaire de Saint Yrieix, La de l’Estre ou Sainte Germaine ou pomme Comte que Turgot, intendant de la généralité de Limoges de 1761 à 1774, découvrit à Saint Germain les Vergnes en Corrèze et qui en préconisa sa culture. Mais Henri VI l’avait déjà dégustée alors qu’elle était posée sur le bord d’une fenestra. |
Napoléon, empereur de 1804 à 1814, dans le code civil établi sous sa direction, précise que la propriété doit être source d’utilité et de bien être pour tous. Elle doit avoir une fonction sociale, un propriétaire ne peut laisser incultes et improductifs des terrains qui lui appartiennent. Aspect qui rejoint la conception d’un moine franciscain du XIIIéme siècle. Ainsi dans les délibérations du Conseil d’Etat, séance du 24 Août 1807, l’article 544 précise : Les arbres fruitiers qui meurent, ceux mêmes qui sont arrachés ou brisés par accident, l’usufruitier a la charge de les remplacer par d’autres.
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En 1840, dans un livre d’écritures par Barreau, pour exercer les enfants à la lecture des manuscrits par un choix gradué de 50 sortes d’écritures, le cidre, donc la pomme y est un sujet d’intérêt au même titre que les vins et la bière. |
LXIX.Vins, Bière,Cidre. Le cidre est une espèce de vin fait avec des pommes Ces fruits sont réunis en tas dans un lieu sec et on les met au pressoir en septembre ou en Octobre, après les avoir écrasés sous une meule. Le jus qui en découle, passé par le tamis, est reçu dans une cuve où il fermente plus ou moins. Après quoi, il est mis dans de petits tonneaux et ensuite en bouteilles. Le Poiré est une liqueur analogue faite avec des poires En 1873 on a le plaisir de découvrir une description de plus de 550 variétés dans le dictionnaire de pomologie de A. Leroy. En 1875, sur un Manuel du Cultivateur, traité d’agriculture à l’usage des Ecoles Primaires de Camille Planchard, on note que le pommier pourrait se répandre avec d’avantage dans beaucoup de contrées. Peu à peu le patrimoine français est devenu très riche en variétés de pommes. La pomme apparaîtra comme une richesse nationale. La consommation du cidre, qui s’est répandue dans tout l’ouest de la France, est frappée d’un impôt. Avant 1914, les Allemands venaient acheter les pommes à cidre en limousin pour la fabrication de leur « Champagne » ! En 1938, dans le recueil Le Pommier et le Poirier en Limousin de F. Tricaud, ingénieur Horticole et ancien pépiniériste à Aixe sur Vienne, on trouve une affiche qui incite les lecteurs à la mise en valeur des arbres fruitiers. Il parle même de Fortune pour le limousin ! En effet, le sol et le climat Limousins conviennent très bien à la culture de la pomme. La pommeraie s’est étendue sur tout le limousin occidental, jusqu’aux monts de Blond à partir de 1955, passant de 179ha à 1622ha en 1974. Les ^pommes sont savoureuses et le rendement de 25 à 50 tonnes à l’hectare, est largement supérieur à la moyenne nationale (19T à l’hectare). Le pommier a toujours été cultivé en limousin, pour l’auto consommation ou la production du cidre. La production est maintenant commercialisée à 94% et l’on continue à créer des vergers. Sur les marchés, les fruits se sont vendus non plus pour leur goût, mais souvent pour leur apparence. On compte actuellement plus de 6000 variétés de pommes. On peut regretter que de nombreuses et excellentes variétés plantées, greffées par nos arrière-grands-parents, nos grands-parents, nos parents même, ont été oubliées et délaissées, nous laissant quelques nostalgiques souvenirs.
Ces fruits de variétés anciennes représentent un patrimoine digne d’être retrouvé, réhabilité, conservé et transmis à nos enfants pour le plus grand intérêt de notre région.
La pomme est toujours d’actualité, et tout récemment, on peut la voir sur le nouveau billet de cent francs. Symbole de richesse.
La pomme fait partie des fruits aqueux et elle nous apporte : 1)Des sucres naturels nourrissants 2)Des vitamines indispensables à l’organisme C, B1, B2, B3, A, E, P, le taux de vitamine C est variable. 3)Des sels minéraux qui permettent à l’organisme de reconstituer ce qu’il consomme chaque jour : phosphore, calcium, potassium et fer. 4)De l’eau d’une pureté incomparable. 5)Des protides (albumine). 6)Des tanins qui peuvent être utilisés en médecine comme astringents toniques. 7)De l’acide mélique, de malus nom latin du pommier. Il faut savoir que la vitamine C est concentrée sur la peau et son taux décroit vers le centre. Donc ne laissez que la queue ! Une pomme croquée en fin de repas quand on ne peut se laver les dents, les nettoie mécaniquement et tonifie les gencives.
La pomme en tisane peut soulager les rhumatismes, la goutte, la lithiase urinaire (calculs). Consommée cuite ou en compote, elle combat l’acidité de l’estomac.
La pomme aurait même une légère action somnifère due à un éther volatil non identifié (J. Lyon). Les pectines de la pomme absorbent le cholestérol et contribuent à en abaisser le taux.
La pomme, mangée entière, avec la peau, en dehors des repas favorise le transit intestinal. Consommée, finement râpée, grâce à son tanin, elle désinfecte l’intestin et empêche le développement des bactéries. Paradoxalement, elle agit aussi bien en cas de diarrhée que de constipation.
La pomme peut-être utilisée comme coupe faim. C’est un bon anorexigène, laxatif et diurétique. Mais ne pas dépasser deux fruits par jour à cause des sucres, glucose et saccharose. |
Le long voyage des barbares. |
Le Pommier et le Poirier en limousin par P. Tricaud.
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